La résistance des dinosaures

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Date: 18 juin 2015
Auteur: Daniel Nadeau

Comme il fallait s’y attendre, outre ceux qui détiennent le pouvoir, les opposants les plus farouches et les plus critiques quant à l’avènement de ce nouveau monde médiatique, ce sont les médias eux-mêmes et bien sûr les journalistes. Les mêmes qui se méfient des relationnistes et des professionnels des relations publiques les accusant depuis toujours d’être des filtres eu égard à leurs sources et des tireurs de ficelle ou des manipulateurs éhontés.resistance ordinateur

Bien malin qui croyait prendre être pris finalement. Les journalistes voient leur pouvoir s’effriter au profit des citoyens-journalistes. L’utilisation du Web 2.0, le blogue et les réseaux sociaux surtout, à des fins de diffusion massive viennent carrément enlever le monopole de l’information aux journalistes patentés. Ce sont ceux de la périphérie, les « outsiders » qui s’imposent de plus en plus.

Cette nouvelle donne profite tout d’abord aux sources qui voient se multiplier les possibilités de s’exprimer et de choisir eux-mêmes la plateforme de leur choix. Sans les médias sociaux, pensez-vous vraiment que l’agente 728 aurait connu une si large célébrité pour ses actes de violence envers des manifestants?

Cela permet aussi à de nouveaux joueurs, les citoyens-journalistes, de jouer un rôle de plus en plus important sur la scène publique. Si je reprends un autre exemple cité par Philippe de Grosbois dans l’article cité hier dans mon billet d’hier (Phillipe De Grosbois, Entre pingouins et gazouillis, p. 26-27), ce dernier nous parle une fois de plus du printemps érable pour bien nous faire comprendre que les frontières entre journalisme et journalisme-citoyen sont de plus en plus ténues et que les catégories habituelles.

Ainsi, des gens sont devenus producteurs de contenu d’information : reportages, bulletins hebdomadaires, documentaires, couverture en direct d’événements. On a vu apparaître de nouveaux acronymes de médias alternatifs comme CUTV de l’Université Concordia, 99 % Média et d’Altercitoyens. On a vu aussi des recherchistes qui ont fait un travail colossal de rassemblement d’informations et les ont mises à la disponibilité du grand public comme le site Libéraux.net.

Ce qu’il faut retenir c’est qu’aujourd’hui il est devenu impossible pour quiconque de contrôler son message sauf pour l’État qui pourra toujours par sa force de coercition supprimer l’autorisation d’utiliser les réseaux sociaux aux gens.

En fait, le Web 2.0 permet comme jamais au contre-discours de fleurir parmi la population. Ce qui vient diminuer d’autant la capacité des leaders légitimement élus par notre démocratie de la représentation d’imposer leurs vues et leurs volontés.

Citons de Grosbois en terminant ce billet : « … les médias sociaux marquent un saut important dans la capacité de réaction et de production et de contre-discours de la part des citoyenNes. Ces citoyenNes peuvent aussi exercer des pressions sur les médias pour les forcer à aborder un sujet d’intérêt public ou pour dénoncer ce qui leur apparait comme de la désinformation » (de Grosbois, ibid. p. 28).

En clair, les médias sociaux permettent aux pauvres, à la masse des 99 % de prendre conscience de la force de leur mobilisation. C’est cela le début d’une vraie révolution qui nous vient sous l’impulsion de la révolution numérique. Pas étonnant que les dinosaures y résistent et que les gens qui ont le pouvoir s’en méfient…

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