Spill, relations publiques

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Date: 25 février 2016
Auteur: Daniel Nadeau

L’émission Ici Laflaque en est à sa treizième saison. Émission satirique qui anime la vie publique québécoise, cette émission est avant tout une véritable machine à fabriquer le cynisme politique. Dans la pensée de Serge Chapleau, rien ne vaut quelque chose parmi les acteurs de la vie publique québécoise et canadienne.

Source: Radio-Canada

Source: Radio-Canada

Jean Lapierre est un demeuré. Denis Coderre est un gamin centré sur son nombril. Richard Martineau est un dangereux penseur de droite à l’égo démesuré. Nos politiciennes et nos politiciens sont ridiculisés chaque semaine. Même celles et ceux qui ont quitté la scène politique. Tout y passe.

Je ne remets pas en question le côté irrévérencieux de l’émission. Je ne conteste pas non plus la liberté d’expression de l’auteur.

Il n’est pas sans intérêt cependant de porter à l’attention de tous que le monde de la caricature et de l’humour participe à la construction sociale et à notre conditionnement mental. Répéter ad nauseam que les politiciens sont ridicules, finit par révéler une part de vérité.

Dans un article paru en décembre dernier dans le Canadian Historical Review, la professeure Carmen J. Nielson de l’Université Mount Royal à Calgary fait la démonstration de l’influence des caricatures du magazine britannique satirique Punch et du magazine canadien de la même eau Grip sur la représentation que les autres et les Canadiens se faisaient d’eux-mêmes.

« Dans les années 1870 et 1880, quand les caricaturistes travaillant pour Punch, le magazine satirique le plus populaire de Grande-Bretagne, voulaient représenter visuellement le Canada, ils s’inspiraient de conventions artistiques séculaires qui dépeignaient l’Amérique et, par la suite, l’Amérique du Nord britannique, sous les traits d’une femme et d’une « Indienne ». À la même époque, dans Grip, le magazine satirique le plus populaire du Canada, la norme consistait à représenter la nation sous les traits d’une Blanche, sans équivoque. C’est plutôt pour représenter le Manitoba et les Territoires du Nord-Ouest que l’on avait recours à l’indigénisation de concert avec la féminisation du corps. » (Carmen J. Nielson, « Caricaturing Colonial Space : Indigenized, Feminized Bodies and Anglo-Canadian Identity, 1873-94 », Canadian Historical Review, 96, 4 décembre 2015, p. 473)

Retenons que les caricatures et la satire participent pleinement à la construction sociale et idéologique de notre monde vécu et que ce sont là des outils puissants de modélisation de nos croyances et de nos valeurs. En ce sens, un professionnel de relations publiques ne peut qu’être inquiet de la représentation de son activité professionnelle sous les traits de Spill relations publiques dans Ici Laflaque diffusé à la société de Radio-Canada…

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