La fermeture du Centennial

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Date: 20 avril 2016
Auteur: Daniel Nadeau

Le monde de la culture à Sherbrooke vient d’apprendre une très mauvaise nouvelle. Le Théâtre Centennial de l’Université Bishop’s met fin à sa programmation professionnelle. Du coup, la région vient de perdre un diffuseur irremplaçable de la danse contemporaine, de la musique jazz et de la musique classique. C’est une vraie catastrophe pour celles et ceux qui comme moi aimaient la danse contemporaine.

Non seulement la fermeture de cette salle de spectacle constitue une lourde perte pour la danse et la musique, tant pour ses créateurs que pour les mélomanes et les amateurs de la danse contemporaine, mais aussi pour la qualité de vie des citoyens de notre ville.Centennial theater Sans compter que le théâtre Centennial était un outil important de la mixité des langues dans notre région. Un point de rencontre important des cultures anglophones et francophones. Nous venons de perdre une part importante de notre identité.

Nous vivons une drôle d’époque. Le tout à l’argent, aux colonnes de chiffres et à la rentabilité des choses, cadre mal avec la formidable poussée des moyens de communication entre les humains. Nous vivons dans un monde où les institutions publiques ne sont plus valorisées. On ne jure que par ce qui donne un résultat immédiat en argent trébuchant et sonnant. C’est l’époque qui aurait eu raison de cette importante institution culturelle.

On ne peut aussi que déplorer le manque de leadership de notre classe politique dans la préservation de ce qui fonde les raisons profondes de notre raison commune. Comme le dit un ami, les linceuls ont rarement des poches pour emporter dans la mort son argent. Le culte voué à l’argent et un puissant moteur de destruction de l’humain et de l’humanité.

Je suis sans mots devant tous ces politiciens qui pensent bien nous gouverner en faisant leurs les inepties des théories économiques libérales popularisées au milieu des années 80 par l’économiste Milton Friedman. Nous n’en avons plus que pour des concepts comptables d’austérité, d’équilibre budgétaire et on oublie l’essentiel les humains.

Comment expliquer à des gens qui n’accordent aucune importance à autre chose qu’à l’argent, que la danse, la musique, la littérature, les classiques grecs sont des ferments d’une grande culture qui nourrissent l’âme? L’âme n’est pas perméable aux valeurs néo-libérales et au réalisme politique centré sur une réélection dans quatre ans.

La fin de la programmation du Centennial est une immense perte pour Sherbrooke. Les besoins financiers de l’ordre de 150 000 $ par année étaient somme toute modestes pour une ville de la taille de Sherbrooke. Notre conseil municipal a raté une belle occasion de faire preuve de générosité envers la culture tout en réaffirmant que la culture anglophone était importante pour nous à Sherbrooke. La rencontre de la culture anglophone et francophone est le fondement de l’identité sherbrookoise. Du moins, cela l’était jusqu’à peu. La fin du Centennial marque la fin d’une époque et témoigne du manque de sensibilité de nos élus municipaux à ce que nous sommes…

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