La légitimité politique et le tribunal populaire

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Date: 1 mai 2017
Auteur: Daniel Nadeau

La dernière semaine a été fort éprouvante pour le premier ministre Philippe Couillard et son gouvernement. Les reportages de l’équipe du Bureau d’enquête de Québecor par Félix Séguin et leur relais dans tous les médias ont eu l’effet d’une bombe à défragmentation sur la légitimité du gouvernement.

Pire encore, en plus d’apprendre que l’ancien premier ministre Jean Charest et l’ancien grand argentier Marc Bibeau faisaient l’objet d’une enquête de l’UPAC, nous avons aussi appris que Marc Bibeau savait jouer des bonnes personnes pour défendre les intérêts de ses entreprises lorsqu’elles étaient attaquées à l’Assemblée nationale du Québec lors d’une période de questions.

Comme si cela n’était pas assez, le président de la fraternité des policiers de Montréal, un dénommé Francœur, a lancé entre deux cafés sur les ondes de l’émission de Pierre Arcand au FM 93 à Montréal qu’il savait de source sûre que des enquêtes policières finalisées et convaincantes, selon ses dires, étaient bloquées au plus haut niveau par le pouvoir. Il venait d’ajouter de la pression sur l’UPAC et sur le DPPC pour que non seulement ils achèvent leurs travaux d’enquête et d’analyse, mais qu’ils fassent condamner l’ancien premier ministre Jean Charest pour je ne sais quoi.

Cette dernière semaine fut peut-être pénible pour le gouvernement libéral, mais elle fut surtout dévastatrice pour la santé démocratique du Québec et pour la crédibilité de nos institutions les plus viscérales en matière de justice. On attaque la probité de l’UPAC, puis du DPPC et pourquoi pas de la magistrature tant qu’à y être.

Je suis personnellement convaincu qu’il n’existe pas de retour d’ascenseur systémique entre le financement des partis politiques et les contrats gouvernementaux. Je ne sais pas s’il y a eu ou non parfois des gens malhonnêtes dans le système, mais je ne crois pas à un système de retour d’ascenseur comme à la Ville de Montréal pour le Québec. Pourtant, les médias et la population eux y croient. Ils se sont convaincus que cela a existé et probablement que cela existe encore, contre toute raison, et que le grand coupable de tout cela est l’ancien premier ministre du Québec, Jean Charest et son acolyte, Marc Bibeau. Où réside la présomption d’innocence pour ces deux hommes au parcours à bien des égards méritoires dans leur champ d’activités respectif?

Qui s’inquiète vraiment des fuites policières? Qui s’inquiète vraiment du manque d’éthique de ces gens en autorité qui décident de se faire justice eux-mêmes à l’encontre de leur propre mécanisme d’équilibres internes? Avez-vous noté que le retour de PKP à la direction de son entreprise coïncide avec des ressources accrues pour le bureau d’enquête de Québecor? Peut-on penser que PKP se réjouit des résultats des trouvailles de son bureau d’enquête sur ses amis libéraux d’hier? Chose certaine, pour ne pas nous laisser dans le doute, il a pris la peine de venir féliciter ses troupes la semaine dernière à l’Assemblée nationale du Québec. Quand on est un amant de la démocratie, on est un amant de la démocratie, n’est-ce pas monsieur Péladeau?

Fuites policières, bris de toutes les conventions, rumeurs en cascades, reconstruction de réalités parallèles comme si elles étaient une seule et même réalité, procès d’intention et partisanerie extrême de l’opposition sur un sujet sensible. Voilà le triste spectacle que nous a donné cette semaine l’Assemblée nationale du Québec. Je ne veux pas défendre les libéraux dans ce billet, mais cette fois on a dépassé les bornes. On a tué un petit peu plus la crédibilité de nos institutions et favorisé le cynisme. Deux phénomènes qui n’augurent rien de bon pour l’avenir du Québec…

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