L’ère de la transparence sélective

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Date: 9 mai 2017
Auteur: Daniel Nadeau

Nous vivons à une époque où la transparence est déifiée. Toutes les administrations publiques prétendent tendre à la plus grande transparence avec leurs divers publics ou avec leurs diverses parties prenantes. Même le secteur privé n’y échappe pas. C’est devenu incontournable en cette époque où l’on cherche à accréditer une image publique d’ouverture et d’écoute de ses parties prenantes.

Or, nous avons désormais à notre disposition des outils informatiques et des outils web qui permettent aux organisations volontaires de rendre publics plusieurs faits et données les concernant. Ce sont les données ouvertes. Ce n’est pas rare de nos jours comme consultant en communication, que nous soyons appelés à conseiller des clients sur les politiques éditoriales à adopter et sur les politiques de communication tant interne et qu’externe à propos de cette époque de transparence.

Parmi les plus fermés à l’idée de rendre leurs données ouvertes à la population, nous retrouvons au premier chef les administrations publiques payées à même nos taxes. C’est quand même étrange lorsque l’on y songe. Les administrations publiques sont les plus frileuses à rendre publiques les informations nous concernant tous au premier chef. Prenons l’exemple de la loi d’accès à l’information que la Fédération professionnelle des journalistes du Québec demande de modifier et le gouvernement qui se fait tirer l’oreille.

Plus près de nous, les municipalités et villes du Québec semblent frileuses à l’idée de rendre publics les indicateurs concernant les dépenses et les données brutes permettant aux HEC de continuer sa publication des palmarès des municipalités. Le maire de Sherbrooke et président de l’Union des municipalités du Québec, monsieur Bernard Sévigny, a déclaré au journaliste de La Tribune Jonathan Custeau qu’« il n’est toutefois pas déçu de la disparition du Palmarès des municipalités qui en découlait. Ce n’est pas une question de transparence, mais une question d’efficacité. On comparait souvent des pommes avec des tomates, et les données ne tenaient souvent pas la route sur le plan de la rigueur. Déneiger un kilomètre de route à Sherbrooke et un kilomètre à Sainte-Sophie, ce n’est pas la même chose. Nous continuerons de produire des chiffres pour nous, pour voir comment nos dépenses évoluent d’année en année. Nous mettrons nos énergies sur les éléments qui nous préoccupent. Ce sera plus utile pour les gestionnaires que de s’enfermer dans un palmarès qui, oui, est sympathique, mais qui ne tient pas compte des différentes réalités. »

Étrange comme raisonnement de ce maire qui fut jadis le champion de la transparence. Pourtant, c’est à l’aide de ce palmarès, très bien construit d’ailleurs, que j’ai écrit une chronique dans le journal EstriePlus où je défendais l’idée que Sherbrooke était une ville plutôt bien gérée et que j’exhortais les prochains candidats aux élections municipales à faire le pari de la vérité lors de la prochaine campagne électorale.

Si mon souvenir est bon, monsieur Sévigny avait apprécié ce texte. Pourtant, il était inspiré du palmarès qu’il trouve aujourd’hui comme inefficace puisqu’il compare des pommes et des tomates. Je suis perplexe et vous?

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