Le monde de Rambo Gauthier

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Date: 31 mai 2017
Auteur: Daniel Nadeau

Ce matin, les travailleuses et les travailleurs de la construction reprennent le travail. Pour plusieurs d’entre eux, ce n’est pas de gaieté de cœur. Une fois de plus, l’industrie de la construction a fait la preuve de son incapacité à s’adapter à un monde en pleine transformation. Comme il y a trois ans maintenant, les syndicats et les associations patronales n’ont pu s’entendre sur un nouveau contrat de travail et les membres de l’Assemblée nationale du Québec ont dû une fois encore voter une loi spéciale pour mettre fin à une grève qui n’aura duré que cinq jours.

Il y a quelque chose qui ne va pas au royaume de Philippe. Le droit de grève, pourtant un droit légitime qui est reconnu par nos lois du travail, est devenu quasi symbolique. On ne laisse plus les rapports de forces faire leur œuvre. C’est pourquoi les élus de notre assemblée nationale doivent se résigner à légiférer à coup de lois spéciales pour faire figure de nouveaux rapports de négociation entre les parties.

Dans ce dossier particulier, on ne pourra pas reprocher au gouvernement libéral de Phillipe Couillard de s’être traîné les pieds et de ne pas avoir agi avec célérité. D’ailleurs, la mauvaise foi des parties est apparue comme manifeste à quiconque s’est intéressé un tant soit peu à ce dossier. Le monde de la construction, celui de Rambo Gauthier, fait figure de dinosaure dans un monde qui change à vitesse grand V. Ici, la notion de droits acquis fait plus mal que partout ailleurs dans notre économie. Imaginez, les gens œuvrant dans le secteur de la construction qui ne peuvent faire leur semaine de travail normale à cause du climat sont payés temps double le samedi s’ils reprennent des journées perdues pour des raisons en dehors de la volonté de quiconque. Invoquer le concept populaire de conciliation travail-famille est sympathique et peut-être sincère, mais celui-ci est difficilement applicable dans un secteur où les gens travaillent cinq à six mois par année à cause de nos conditions climatiques.

Le secteur de la construction est un secteur trop réglementé. Il fait figure de dinosaure dans le monde actuel. La ministre Dominique Viens a agi avec célérité, mais elle fait fausse route lorsqu’elle ne s’attaque pas d’emblée à l’hyperèglementation de ce secteur et qu’elle refuse de revoir les structures de négociation de l’industrie de la construction.

Dans le monde 2.0 dans lequel nous vivons, l’industrie de la construction devra s’adapter. Le monde de Rambo Gauthier est appelé à se transformer.

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