Les grandes figures oubliées de l’espace public québécois

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Date: 8 novembre 2017
Auteur: Daniel Nadeau

Il y a des noms qui nous sont familiers et dont on oublie l’origine. Par exemple, toutes les Montréalaises et tous les Montréalais sont habitués à entendre le nom de la station de métro Lionel-Groulx de la ligne orange. Située dans le quartier Saint-Henri, cette station de métro a été inaugurée dans les années 1980. Si cette station du métro de Montréal est familière à plusieurs, qui se souvient vraiment du personnage historique qui lui a donné son nom : l’abbé Lionel Groulx.

Selon notre âge, notre nationalité, notre lieu de résidence, notre degré de scolarité ou encore notre champ d’intérêt, le souvenir que nous avons de Lionel Groulx peut être différent. Ainsi, pour les gens plus âgés, Lionel Groulx fut un personnage central de la mouvance nationaliste et catholique de Montréal d’avant la Révolution tranquille. Pour les intellectuels, Lionel Groulx fut l’un de nos plus grands historiens et le fondateur de l’Institut d’histoire de l’Amérique française ainsi que de sa revue. Pour les nationalistes, Lionel Groulx fut au premier plan de l’éveil national des Québécoises et des Québécois. Pour d’autres, on voudrait retenir les passages de son œuvre que l’on veut assimiler à de l’antisémitisme. Pour les usagers du métro de Montréal, c’est une station de métro très achalandée aux heures de pointe. Quoi qu’il en soit, Lionel Groulx fut un personnage important de l’histoire québécoise et il mérite d’être rappelé à notre mémoire.

C’est pourquoi nous saluons la parution récente du livre du professeur du Collège militaire royal de Saint-Jean, Charles-Philippe Courtois aux Éditions de l’homme consacré à une première biographie de Lionel Groulx. Intitulé Lionel Groulx : le penseur le plus influent de l’histoire du Québec, ce livre trace un portrait édifiant de la vie de ce petit homme qui fut parmi les grands de nos intellectuels. Il a contribué à en former de nombreux et son œuvre gigantesque sur l’histoire du Québec a été largement commentée par la communauté historienne. Il est vrai que l’apparition d’une histoire plus économique et sociale a fait disparaître de l’écran radar l’œuvre de Groulx qui s’inscrivait dans les sentiers de l’histoire-récit et des grands personnages. Lionel Groulx était aussi un défenseur acharné de la langue française, des minorités canadiennes-françaises ailleurs au Canada et aux États-Unis et de la foi catholique.

L’émergence du projet d’un Québec-pays et de la rupture des nationalistes québécois avec les minorités canadiennes-françaises lors des états généraux du Canada français à la fin des années 60 ont largement contribué à faire rayonner les idées phares de Lionel Groulx. Comme nous le dit Courtois : « Défenseur de l’émancipation nationale, il ne craignait pas de bousculer l’ordre établi au Canada. Prêtre, professeur, écrivain, essayiste, historien et conférencier, il a été impliqué dans les mouvements nationalistes les plus marquants de la première moitié du XXe siècle. Seul “historien” qualifié d’“historien national” avec François-Xavier Garneau, il a considérablement marqué le Québec à ce titre, mais aussi ce champ du savoir et sa professionnalisation au Québec ». (Charles-Philippe Courtois, Lionel Groulx : le penseur le plus influent de l’histoire du Québec, Montréal, les Éditions de l’Homme, 2017, 575 p., citation sur la jaquette de couverture quatro).

Lionel Groulx a été un grand penseur au Québec. L’éjection du catholicisme de nos vies, la montée du néonationalisme et les profondes transformations de l’historiographie québécoise au profit de l’école néonationaliste ont jeté un peu d’ombre sur cette importante figure de notre passé. Nous nous réjouissons de la parution de cette biographie présentée par Charles-Philippe Courtois. Ainsi, notre mémoire pourra conserver présent l’héritage de cet homme hors de l’ordinaire que fut Lionel Groulx.

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