La république des cancres

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Date: 16 février 2018
Auteur: Daniel Nadeau

Je ne sais si cela doit nous réjouir. Malgré le poids largement disproportionné de l’enjeu de la santé dans l’espace public québécois, on parvient quand même à parler d’un autre enjeu qui, quant à moi, est plus fondamental encore que la santé et les salaires de nos médecins, l’éducation. Malheureusement ce n’est pas toujours pour les bonnes raisons. Les choses que nous avons pu entendre cette semaine dans le discours public québécois n’ont pas fait exception.

On a parlé d’organisations scolaires et de taxes scolaires. Ce qui en soi est une bonne nouvelle, car tant le gouvernement libéral de Philippe Couillard que la Coalition avenir Québec souhaitent normaliser les taux de la taxation scolaire sur le territoire québécois. Les premiers veulent le faire sur une base régionale alors que la CAQ veut plutôt un taux de taxation scolaire uniforme pour l’ensemble du territoire québécois. D’ailleurs, il faut souligner que la CAQ s’est illustrée en mettant sur son site Web un petit calculateur permettant à chaque citoyen de découvrir combien il paiera de taxes scolaires avec les solutions préconisées par la CAQ. Une initiative qui a des chances de devenir payante pour l’équipe de François Legault.

Ce n’est pas ce qui a le plus retenu notre attention. Pour Québec solidaire, il faut abolir le financement des écoles privées. Un vieux débat au Québec qui revient périodiquement dans les officines syndicalo-péquistes et aujourd’hui chez la gauche bien-pensante. Comme si les écoles privées par leur existence venaient nuire à l’école publique. Bien au contraire. Les écoles privées constituent un puissant remède contre l’uniformisation d’une éducation qui tire vers le bas et qui veut comme dénominateur commun l’égalité de tous à n’importe quelle condition plutôt que de valoriser et stimuler l’excellence et la différence chez nos enfants. Nous ne pouvons qu’être en accord avec celles et ceux qui souhaitent de meilleures conditions de pratique et d’exercice de l’enseignement pour nos petits et nos plus grands, mais sans pour autant cesser de valoriser l’excellence et d’entretenir une certaine culture de la performance. L’abolition du financement des écoles privées et le discours qui soutient cette mesure sont malheureusement trop souvent accompagnés d’un discours réducteur sur l’équité et l’égalité de tous en éducation.

On a aussi entendu parler cette semaine de la pratique de la normalisation des notes des élèves par les commissions scolaires et par le ministère de l’Éducation qui viennent transformer des échecs en réussites. La note de passage de 60 % serait en fait plus une note de passage de 57 à 60 % en vertu de ces pratiques. Cela vient poser des questions quant à la fiabilité de nos statistiques sur les taux de réussite de nos élèves dans notre système d’éducation et envoie un mauvais message à tous quant à l’importance de respecter certains standards normatifs concernant les exigences de base pour l’obtention d’un diplôme. Cela est préoccupant.

L’éducation doit être une priorité pour le Québec, mais l’excellence aussi. À entendre certains discours, on peut s’inquiéter de la possibilité que nos efforts pour améliorer l’Éducation n’aillent pas dans la bonne direction. Nous devons fuir la république des cancres…

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