Les bons et les méchants!

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Date: 28 février 2018
Auteur: Daniel Nadeau

Avez-vous entendu madame Manon Massé lors de l’annonce qu’elle sera la candidate au poste de première ministre lors de la prochaine élection québécoise pour le compte de Québec solidaire? C’était franchement surréaliste.

Imaginez pour justifier qu’elle a pleinement sa place au futur débat des chefs de la prochaine campagne électorale madame Massé nous annonce que « la petite fille de Windsor va brasser la cage ». Voilà ce que c’est de faire de la politique autrement.

Mieux encore, la candidate première ministre de Québec solidaire explique qu’elle est la meilleure personne pour représenter le Québec parce qu’elle est issue de la classe ouvrière et qu’il est temps que le peuple soit au pouvoir. Cette vision manichéenne des choses où l’on retrouve le monopole du cœur que du côté de Québec solidaire avec un récit ayant pour trame de fond une histoire de bons et de méchants est typique du discours de cette gauche québécoise qui s’arroge toutes les vertus.

Celles et ceux qui sont familiers comme moi au concept de classe de l’historiographie marxiste auront compris que la grille de fond du discours de madame Massé est bien celle de la lutte des classes. Une vision aujourd’hui surannée qui ne tient pas la route dans une société comme celle du Québec où l’ascension sociale des Québécois de toutes les origines sociales fonctionne à plein. Le Québec du 21e siècle n’a rien à voir avec la vieille société européenne du 19e siècle où Karl Marx et son compagnon Friedrich Engels ont décrété la théorie marxiste. De nos jours, la gauche s’est un peu éloignée des lois de la valeur chères à Karl Marx pour expliquer le « vol » des surplus du travail par les capitalistes sans foi ni loi pour ne s’intéresser qu’à l’accumulation du capital et à la concentration de la richesse dans les mains d’une petite minorité.

Certes, de nos jours, l’ouvrage de Thomas Piketty Le Capital au 21e siècle, en fait la démonstration. Les inégalités sont toujours présentes et le processus d’accumulation du capital pose problème, mais ce qu’il faut savoir c’est que ces phénomènes sont très peu concluants pour le Québec où notre fiscalité vient jouer pleinement son rôle de redistribution.

Madame Manon Massé et les membres de Québec solidaire auraient avantage à tenir un discours plus soucieux de notre réalité s’ils espèrent faire des gains électoraux lors de la prochaine élection. En attendant, il m’apparaît fondamental que l’on abandonne cette vision dualiste du monde qui n’est pas appropriée pour décrire la réalité du Québec au 21e siècle. Si appartenir à la classe ouvrière est une condition pour avoir une légitimité en politique selon la nouvelle encyclique de Québec solidaire, cela aurait disqualifié d’emblée Françoise David, Amir Khadir et même Gabriel Nadeau Dubois. J’imagine que ce n’est pas ce que voulait dire la nouvelle égérie de Québec solidaire : Manon Massé?

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