Le nationalisme ethnique de la Coalition avenir Québec

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Date: 19 mars 2018
Auteur: Daniel Nadeau

Au rang des membres du conseil des ministres du gouvernement libéral de Philippe Couillard, Carlos Leitão figurait parmi ceux pour lesquels j’avais le plus d’estime. Comme ministre des Finances, il a fait un travail colossal dans des moments difficiles en nous menant dans la contrée du Pays de l’Austérie. Ce ministre nous a habitués à un style sobre la plupart du temps il n’empruntait pas les raccourcis de l’esprit partisan. D’ailleurs, Carlos Leitão ne porte pas très bien les habits de la partisanerie.

Il vient d’en faire une preuve irréfutable par sa déclaration inacceptable sur la Coalition avenir Québec et je le cite pour ne pas trahir sa pensée : « Parce que, très franchement, la CAQ est un parti politique qui adopte des politiques très nationalistes. Et le genre de nationalisme que la CAQ propose est, à mon avis, un nationalisme ethnique. Je n’ai pas peur des mots. C’est ce que c’est. Ils voient la majorité francophone comme si elle était attaquée par tous les étrangers. »

Le point qu’il faut relever ici c’est que la déclaration de monsieur Leitão est en rupture avec l’histoire du Parti libéral du Québec. Rappelons le combat de Georges-Émile Lapalme pour la culture québécoise sous le régime de Duplessis, l’attachement de Jean Lesage « pour sa patrie le Québec dans son pays le Canada » ou encore la société distincte de Robert Bourassa. Je ne voudrais pas passer sous silence le leadership de Claude Ryan qui a toujours défendu les droits du peuple québécois et qui faisait de cette valeur l’une des valeurs libérales les plus importantes. On peut donc conclure que ce soit au travers du Parti québécois, de la Coalition avenir Québec ou du Parti libéral du temps de Robert Bourassa, le nationalisme québécois a toujours été, jusqu’au gouvernement libéral de Philippe Couillard, une valeur défendue par le gouvernement de toutes les Québécoises et de tous les Québécois. La déclaration de monsieur Leitão est en fait du nationalisme ethnique inversé où il invite les membres de la communauté anglophone et les nouveaux arrivants à se méfier de la « tribu canadienne-française » qui se replie défensivement sur elle-même et qui n’est pas ouverte aux autres.

Pourtant, le nationalisme québécois, dont je suis, n’est pas ethnique loin de là. Le nationalisme québécois est civique, accueillant pour les autres. Quelle est cette idée fâcheuse que nous les Québécois devrions nous sentir coupables d’exister comme une nation? D’où vient cette trahison honteuse de nos racines, de nos traditions, de nos ancêtres canadiens-français par un parti politique qui a construit le Québec contemporain et dont le chef illustre Jean Lesage affirmait : « Le Québec est ma patrie et le Canada est mon pays »? C’est quoi cette idée que le Québec devrait disparaître dans un grand tout multiculturel canadien? Pourquoi devrions-nous cesser de célébrer notre langue et notre culture? Pourquoi ce mépris pour l’ethnie canadienne-française?

Je crois que par cette déclaration de Carlos Leitão, le Parti libéral du Québec est en rupture avec ses valeurs et sa propre histoire. Une position nouvelle qui fait de cette formation politique un nouveau véhicule politique d’une vision assimilatrice de la nation québécoise. Jamais, les libéraux n’auront été aussi loin de leurs racines. Pas étonnant que ce parti ne récolte que 17 % des intentions de vote des francophones au Québec.

Je suis québécois francophone, mais je suis aussi un Canadien. Je crois que c’est le devoir de notre gouvernement à Québec de défendre la pérennité de notre langue, de notre culture et de nos traditions. Par définition, le gouvernement du Québec doit être nationaliste et défendre notre nation. Une nation unie autour de la langue et de la culture française, ouverte sur le monde et curieuse de découvrir l’altérité de celles et de ceux venus d’ailleurs que nous accueillons avec générosité et enthousiasme. C’est ça mon Québec et j’ose espérer qu’il y a consensus parmi toutes les formations politiques pour défendre ce minimum qui est le désir de pérennité de cette nation originale que nous représentons en Amérique du Nord.

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