Fissures au Bloc québécois

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Date: 3 mai 2018
Auteur: Daniel Nadeau

J’ai beau ne pas partager la foi souverainiste de certains de mes concitoyens, je suis tout de même attristé de voir la déchéance du Bloc québécois dans l’opinion publique ces jours-ci. Jadis un outil utile pour faire valoir les droits du Québec à Ottawa, cette formation politique est devenue l’objet d’un cirque médiatique cruel et sans issue.

La débâcle du Bloc qui provient au fond d’une crise d’égos vient conclure un épisode de la vie politique canadienne. Épisode qui a débuté avec l’échec de l’Accord du lac Meech. Un moment fort de l’histoire politique canadienne. L’Accord du lac Meech rappelons-le, visait à réintégrer le Québec dans la constitution canadienne sous la base de cinq conditions minimales dont la reconnaissance du caractère distinct du Québec. Au lendemain de cet échec douloureux, nombreux sont les Québécois qui étaient prêts à faire la souveraineté du Québec. C’est dans ce contexte qu’est né le Bloc québécois à l’initiative de Lucien Bouchard, ex-ministre conservateur du Québec du gouvernement de Brian Mulroney et ex-premier ministre du Québec, et du regretté Jean Lapierre, journaliste et homme politique issu du Parti libéral du Canada. À sa fondation, Lucien Bouchard avait déclaré que l’on mesurerait le succès du Bloc québécois à la brièveté de son existence.

Puis, à la suite de la défaite de Jacques Parizeau et du Parti québécois au référendum de 1995, le Bloc québécois sous l’habile leadership du ténor souverainiste, Gilles Duceppe, s’est rendu utile dans le créneau de la défense des intérêts du Québec à Ottawa. Cela a duré et vécu jusqu’au flirt du Québec avec Jack Layton et à la vague orange qui a déferlé sur le Québec en 2011. Un mouvement qui a quasi rayé le Bloc québécois de la carte électorale québécoise et qui a même entraîné le populaire et charismatique Gilles Duceppe dans la défaite dans son propre comté.

Depuis ce temps, le Bloc québécois se cherche et il s’est enfoncé dans la radicalité de son option souverainiste à tout prix bien que le Parlement du Canada ne soit pas le lieu pour décider de cette question. L’arrivée de Mario Beaulieu à la tête du Bloc, puis le retour providentiel de Gilles Duceppe pour sauver les meubles à l’élection de 2015 devait laisser du temps au Bloc pour s’imaginer un nouvel avenir. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. L’arrivée de Martine Ouellet comme chef et l’approfondissement de la radicalité de l’option « Le Québec un pays » ainsi que le désir de rompre avec la défense des intérêts du Québec à Ottawa pour construire la République du Québec ont mené à la crise que nous connaissons aujourd’hui.

Le Bloc québécois n’est plus. Quoi qu’il arrive dans les prochaines semaines, le Bloc aura connu son chant du cygne sous le leadership de madame Ouellet. Dommage qu’une initiative politique aussi riche en réalisations que fut l’expérience du Bloc Québécois se termine dans le chaos et dans une atmosphère circassienne. Le leadership de Martine Ouellet et son obstination à avoir le pas auraient eu raison du Bloc québécois. Elle aura réussi ce que Jean Chrétien n’a jamais été capable de réaliser dans sa fructueuse carrière politique : faire disparaître le Bloc de la scène fédérale. Il se trouvera sûrement de nombreux fédéralistes pour l’en féliciter…

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