Violence et discours politique dans l’espace public américain

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Date: 26 octobre 2018
Auteur: Daniel Nadeau

On comprend que les mots peuvent être des armes puissantes. Ce sont avec les mots que nous construisons nos relations avec autrui. L’utilisation et le choix des mots dans l’espace public, nous le dirons jamais assez souvent, sont une responsabilité pour chacun de nous. Quand on écrit, nous avons la responsabilité de bien choisir les mots pour exprimer clairement notre pensée ou pour signifier nos désaccords avec d’autres idées que nous discutons. Cette responsabilité est directement proportionnelle au rôle que nous occupons dans l’espace public. Ainsi, un journaliste a un devoir envers les faits, un commentateur doit toujours respecter les opinions contraires aux siennes même s’il a le droit d’exprimer son désaccord. Tout est dans le ton. Les mots sont des armes qu’il faut manipuler avec soin. Les politiciennes et les politiciens qui nous représentent sont à mes yeux les principaux responsables de la bonne tenue de nos débats démocratiques, car c’est l’essence même de leur travail.

Cette semaine, les dérives du discours politique du président américain Donald Trump ont donné lieu à des événements déplorables. La découverte de bombes artisanales opérationnelles qui visent les principaux adversaires de Trump notamment l’ancien président Obama, l’ex-président Bill Clinton, sa femme Hillary, le comédien Robert De Niro et surtout la chaine d’information continue CNN, glace le sang et inquiète quant à la santé démocratique des États-Unis d’Amérique.

Le président Trump a été incapable de s’élever à la hauteur de sa fonction. Ses déclarations ne peuvent qu’envenimer les choses. Le mélange entre discours politique violent et populisme est un dangereux produit qui ne peut que mener à un espace public encore plus divisé. Ce qui n’augure rien de bon pour l’avenir.

Le président Trump est le grand responsable du caractère plus polémique que jamais de l’arène politique américaine. Rappelons une analyse de Pierre Martin en 2016 : « La violence, sous une forme ou une autre, est omniprésente dans la pensée, le discours et le programme politiques de Donald Trump. Quand il dit que si l’Amérique est paralysée par la rectitude politique, c’est d’abord parce que, à son avis, les forces de l’ordre (y compris les agents de sécurité de ses assemblées) et les honnêtes citoyens ne peuvent pas utiliser une force suffisamment brutale pour faire régner sa conception de l’ordre. Il l’a dit vendredi dernier, en déplorant le fait que “plus personne ne veut faire mal à personne.” À propos des agents de sécurité de ses rallyes, il a déploré : “Ils doivent être politiquement corrects quand ils évacuent les manifestants” […] “Les manifestants savent qu’il n’y a plus de conséquences pour manifester.” “Notre pays doit se durcir. Ces gens-là [les manifestants] sont tellement mauvais pour notre pays…” »

Trump a déclaré hier matin sur son compte Twitter : « A very big part of the anger we see today in our society is caused by the purposely false and inaccurate reporting of the Mainstream Media that I refer to as Fake News. It has gotten so bad and hateful that it is beyond description. Mainstream Media must clean up its act, FAST! »

L’auteur de ces mots, Donald Trump, devrait savoir que les mots ont de l’importance surtout ceux qui sortent de la bouche du président des États-Unis. Ou bien on croit ce que l’on dit et que les mots ont de l’importance ou bien on se tait. Alors on se gouverne en conséquence et on utilise ces armes avec parcimonie pour unir, rassembler, débattre, échanger, mais pas pour diviser, blesser, polariser et mentir. Monsieur Trump, quand cesserez-vous d’utiliser les mots qui blessent?

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