L’avenir des médias dans l’espace public québécois

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Date: 20 novembre 2018
Auteur: Daniel Nadeau

Il ne se passe pas une semaine sans que l’on nous alerte des difficultés financières de la presse écrite au Québec et des médias électroniques qui ne cessent de rabougrir la place de plus en plus congrue de l’information locale et régionale. Le président français, Emmanuel Macron et le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, ont signé une lettre concernant l’avenir d’une presse libre pour la démocratie publié dans le quotidien Le Monde le 14 novembre dernier.

Ils se sont engagés à défendre cette presse libre et démocratique. On peut y voir un camouflet adressé au président américain Donald Trump qui a, comme nous le savons, ses ennuis avec la presse américaine à la Maison-Blanche. Le journaliste de CNN Jim d’Acosta en est la manifestation la plus récente. Néanmoins, il faut voir plus loin dans cette prise de position. Les ennuis des démocraties libérales avec la circulation de fausses informations sur le Web et sur les réseaux sociaux comme l’illustre l’enquête de Robert Mueller aux États-Unis dans l’univers de Donald Trump nous rappellent que la manipulation de l’information est possible. Ces actions que l’on attribue à la Russie sont de véritables tentatives de déstabilisation de la démocratie dans l’Occident libéral. Ces « robots » sur le Web qui prennent d’assaut les réseaux sociaux sont l’une des pièces de ce puzzle. Il y aussi, et cela n’est pas négligeable, la marchandisation à outrance de la sociabilité des gens qui est faite marchandise par « les nouveaux vendeurs du temple », les GAFA’s de ce monde.

La technologie détournée au bénéfice de l’accumulation du capital de quelques-uns qui vampirisent le plus grand nombre n’est pas une nouveauté dans l’histoire de l’humanité. Le capital pour se reproduire n’a jamais hésité à se servir allégrement dans les ressources publiques. Ne dit-on pas pour décrire ce phénomène qu’il faut privatiser les profits et rendre les coûts du domaine public ?

Dans le cas de l’existence d’une presse libre et démocratique comme véritable quatrième pouvoir critique, il faut bien sûr rendre viables les médias en arbitrant l’assiette des revenus publicitaires ou encore en pensant à de nouveaux modèles d’affaires qui mettront à contribution une plus grande part de fonds publics pour les médias. En même temps, il faudra aussi que les médias se transforment et cessent de se faire les marchands d’une spectacularisation de nos vies communes dans des politiques d’information et des choix éditoriaux qui recherchent l’inédit, le spectaculaire et le bling-bling plutôt que d’informer et éduquer les gens. Un vieux débat, mais qui est plus d’actualité que jamais ?

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