L’avenir des médias québécois

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Date: 3 décembre 2018
Auteur: Daniel Nadeau

Il n’y a pas à dire. Les médias sont en crise. Là où les manifestations de cette crise sont les plus graves, c’est dans l’affadissement de l’information locale et régionale. Le temps presse, car il existe un lien non équivoque entre la qualité de l’information diffusée et la prise que peut avoir par exemple le mouvement populiste sur une pléiade de sujets sensibles pour notre vivre ensemble.

Vous pensez que j’exagère. Quelques chiffres pour vous en convaincre. Depuis 2010, le nombre des médias locaux et régionaux a chuté de 28 %. Nous sommes passés de 200 journaux à 143 depuis 2010.

Bien sûr, le gouvernement Couillard a mis en place quelques solutions pour aider les médias à traverser la crise. Il est notoire que cela constitue un sparadrap sur le bobo et qu’une action énergique sera nécessaire.

C’est pourquoi nous ne pouvons que nous réjouir de l’annonce de la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy de la tenue d’une commission sur l’avenir de l’information au Québec. Comme le rapporte Le Devoir samedi dernier, « La ministre dit vouloir un portrait global de la crise qui secoue le monde de l’information afin de pouvoir prendre les mesures adéquates pour y remédier. »

Qui plus est, la ministre fait valoir que le droit des citoyens à l’information est inscrit dans l’article 44 de la Charte québécoise des droits et libertés : « Ce droit est essentiel à la démocratie », affirme la ministre (Loc. cit.).

Le problème majeur des médias écrits et électroniques des régions en matière d’information est sensiblement le même que celui des médias traditionnels. C’est l’inadéquation de leurs modèles d’affaires eu égard au transfert de l’argent des recettes publicitaires vers le Web chez les géants du GAFA. Puis, la crise des médias régionaux est amplifiée par les décisions d’affaires des propriétaires privés qui décident de couper leur personnel dans les régions notamment dans les salles de nouvelles. À quoi bon conserver une grosse équipe dans une salle de nouvelles quand on peut tout simplement repiquer les nouvelles de notre service de recherche gratuit que représente par exemple un quotidien comme La Tribune dans la région de l’Estrie.

Ça ne sera pas facile, mais nous devons trouver des solutions pour viabiliser les médias locaux et régionaux dans les régions. C’est le principal rempart à une démocratie saine exempte des excès attribuables à la montée de tous les populismes et au règne des théories du complot et des réalités alternatives.

Cela dit, les médias locaux et régionaux ont une solide réflexion à faire sur la façon dont il s’acquitte de leurs tâches d’informer leurs auditoires et leurs publics dans de petits milieux. Souvent, ces médias ont le travers de devenir des acteurs du débat plutôt que de nous rapporter les faits. J’aurai un jour l’occasion de revenir sur ce sujet.

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