Les sophismes et l’opinion publique

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Date: 25 février 2019
Auteur: Daniel Nadeau

La semaine dernière, le gouvernement Legault a été pris en flagrant délit de sophisme dans le dossier des trop-perçus d’Hydro-Québec. On se rappellera que la Coalition avenir Québec, alors troisième opposition, cherchait par tous les moyens à capter l’opinion publique pour se démarquer du Parti québécois et représenter l’alternative pour l’électorat québécois au gouvernement usé des libéraux de Philippe Couillard.

Avec la question des trop-perçus d’Hydro-Québec évalués à plus d’un milliard de dollars, la CAQ avait saisi l’occasion pour embêter le gouvernement Couillard. Dire aux gens ce qu’ils voulaient entendre et lancer une pétition où ils pouvaient exprimer leur colère fut la voie choisie par l’opposition caquiste à l’époque.

Or, la réalité du pouvoir rattrape monsieur Legault. Si son parti avait dénoncé avec tant de hargne cette injustice, monsieur et madame tout le monde étaient donc en droit de s’attendre qu’une fois au pouvoir la CAQ rétablisse la justice pour les abonnés d’Hydro-Québec surfacturés.

Ce n’est pas ce qui est arrivé. Cette semaine, le premier ministre François Legault a affirmé que ces sommes seraient remboursées seulement à 50 % et que de toute manière cela ne faisait pas partie de ses engagements électoraux ni de son cadre financier. Ce qui est rigoureusement exact. Néanmoins, sur le plan de la rigueur intellectuelle et de la transparence politique c’est une tout autre chose.

Nous avons là devant nous un beau cas de sophisme politique. En rompant son lien de conviction avec la muleta (bout de tissu rouge servant au toréador pour exciter le taureau lors d’une corrida) préélectorale, François Legault se gouverne comme un sophiste. Rappelons ce qu’est un sophiste : « En effet, n’ayant en vue que la persuasion d’un auditoire, que ce soit dans les assemblées politiques ou lors des procès en justice, les sophistes développent des raisonnements dont l’objectif est seulement l’efficacité persuasive, et non la vérité, et qui à ce titre contiennent fréquemment des vices logiques, quoiqu’ils paraissent à première vue cohérents : des “sophismes”. »

Au fond, le véritable problème c’est la rhétorique qu’utilise un parti politique alors qu’il est dans l’opposition pour attaquer le gouvernement. Les partis d’opposition ne ménagent aucun effort pour faire mal paraître le gouvernement. Ils proposent des actions et des politiques qu’ils savent bien souvent non praticables. Seul compte l’effet de toge et la place que cette prise de position occupera dans l’actualité pour capter l’attention et la faveur de l’opinion publique.

Les relations publiques font rarement de grandes politiques. Aujourd’hui, le gouvernement Legault doit en payer le prix. Élémentaire, mon cher Watson !

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