Jouer aux fins finauds

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Date: 29 août 2019
Auteur: Daniel Nadeau

Le discours politique a ses exigences dans l’espace public. Avec les moyens de communication perméables et diffus d’aujourd’hui, il est maintenant impossible pour les politiciens de tenir un double langage à la population pour faire plaisir à celles et à ceux qui nous entendent. Au Canada, depuis longtemps c’est un classique, la classe politique a souvent joué du double discours au Québec et au Canada anglais pour s’attirer les faveurs où de l’électorat francophone où de l’électorat anglophone. L’ancien premier ministre libéral Wilfrid Laurier était un maître du genre à son époque. On aurait cru que ce temps était aujourd’hui révolu. Pourtant non, les conservateurs d’Andrew Scheer nous font le coup avec l’avortement. Ce qui est plutôt surprenant et agaçant.

De quoi est-il question au juste ? Simple. Au cours de son opération de recrutement auprès de ses candidats, le lieutenant québécois de monsieur Scheer, Alain Rayes, a dit et répété à qui voulait l’entendre que jamais un futur gouvernement conservateur de Andrew Scheer n’ouvrirait à nouveau le débat sur l’avortement. Les femmes canadiennes qui tiennent au libre choix peuvent donc, à en croire monsieur Rayes, dormir sur leurs deux oreilles en toute quiétude. Mais voilà en politique canadienne, rien n’est jamais simple. Nous savons que le chef des conservateurs Andrew Scheer a une position morale claire sur la question de l’avortement à cause de ses convictions profondes chrétiennes. Il est contre. Il a bien sûr dit qu’élu premier ministre, son gouvernement n’avait pas l’intention de déposer un projet de loi sur cette question. Ce qu’a répété à satiété son lieutenant du Québec, Alain Rayes. Alors, pourquoi discuter de cette question ?

Simple. Au parlement du Canada, les membres de la Chambre des communes ont le privilège de déposer des projets de loi privés par de simples députés. Dans le discours de monsieur Scheer, il est aussi clair qu’il ne s’opposera pas à ce que l’un ou l’autre des membres de sa députation puisse déposer des projets de loi sur la question de l’avortement. En plus, il a dit qu’en de telles circonstances, il ne donnerait pas de consignes de vote à son caucus. Il laisserait le vote libre. Ce qui revient à dire qu’un gouvernement conservateur sur la question de l’avortement fera par la porte arrière ce qu’il dit qu’il ne fera pas par la porte avant. Cela est cousu de fil blanc.

Étant donné l’ampleur que ce vieux débat semble vouloir prendre, Andrew Scheer n’a pas d’autres choix que de clarifier la situation. Il doit sans délai dire ce qu’il entend faire sur cette question. Va-t-il oui ou non faire en sorte s’il est élu premier ministre du Canada que cette question ne serait pas rouverte que ce soit par la porte d’en avant ou celle d’en arrière ? Il en va de sa crédibilité. Il n’y a pas de mal à dire ce que l’on entend faire une fois élu aux Canadiennes et aux Canadiens. La position de celles et de ceux qui s’opposent au droit des femmes à disposer de leur propre corps en restreignant le droit à l’avortement est légitime, mais elle doit être discutée visière levée. Ce qui est dommageable aux conservateurs et à Andrew Scheer et son lieutenant, Alain Rayes, dans ce dossier c’est que nous savons qu’ils essaient de jouer aux fins finauds avec l’électorat canadien sur cette question. Cela est condamnable…

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