La violence apprivoisée

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Date: 11 septembre 2019
Auteur: Daniel Nadeau

La ministre de l’Environnement du gouvernement libéral, Catherine McKenna, a fait appel à un service de sécurité rapprochée renforcé selon la dépêche de presse dont nous avons pu prendre connaissance il y a quelques jours. La journaliste Isabelle Hachey de La Presse+ consacre une chronique à cette question. Je ne sais pas si vous avez pu prendre connaissance de cette chronique, mais je vous le dis ça vaut la peine d’y faire un détour.

Ce dont il est question dans ce texte, au-delà des menaces reçues par la ministre McKenna c’est la recrudescence de la violence non seulement sur les réseaux sociaux, mais aussi dans le monde réel qui s’insinue chez nous lentement, mais inexorablement. De tout temps dans l’histoire de l’humanité, la violence est partie de la nature humaine. Des historiens comme Dominique Reynié a écrit dans son livre le triomphe de l’opinion publique que la démocratie était une lutte continuelle entre l’autorité et le consentement. Il est sous-entendu que l’autorité dispose de la violence légitimée par la force de l’État.

La présence de cette violence dans l’espace public qui est d’abord issue des égouts à ciel ouvert que représentent les réseaux sociaux de cette époque conduit les humains à s’affranchir de toute civilité pour dire n’importe quoi à n’importe qui avec des mots qui autrefois étaient jugés inacceptables. Cette recrudescence de l’incivilité contamine l’espace public et notre mode de vivre-ensemble. On est loin de l’espace public rationnel imaginé par Jürgen Habermas où tous participent de façon égale aux débats publics et à la discussion démocratique. Cela ne doit pas nous faire voir pour autant la liberté d’expression comme une tare de notre siècle. Au contraire, il faut défendre la liberté de s’exprimer de celles et ceux qui font la promotion de ce nous pouvons le plus haïr, car la liberté d’expression n’a pas de prix et c’est à ce prix seulement que nous pouvons vivre en démocratie.

Cela dit, il faut par contre sévèrement réprimer les comportements odieux comme ceux qui viennent miner la vie de la ministre libérale Catherine McKenna. Il faut donner à nos lois des dents sur les débordements possibles. Il faut légiférer la bêtise en fait. Dans sa chronique, Isabelle Hachey nous apprend que la bêtise humaine est dans tout et qu’il y a des études qui font une corrélation entre la droite antiféministe, le négationnisme du climat et la misogyne et le racisme. Bref, quand on est con on est con partout. Il faut dire non à cette violence verbale et à ces bêtises sans noms répétées et partagées sur les réseaux sociaux. Nous méritons mieux que d’apprivoiser cette violence inacceptable. Catherine McKenna aussi…

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