La laïcité s’invite dans la campagne électorale fédérale

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Date: 12 septembre 2019
Auteur: Daniel Nadeau

Hier, la campagne électorale a débuté au Canada avec la visite de Justin Trudeau chez la gouverneure générale. Les hostilités à peine amorcées, déjà Justin Trudeau a été mis sur la défensive. Comment cela ? En raison de l’imposition par les journalistes et les médias de deux questions : la loi 21 du Québec interdisant les signes religieux et l’affaire SNC-Lavalin où le Globe and Mail révélait dans son édition d’hier le maintien du secret ministériel qui empêche certaines personnes de parler avec la GRC au sujet de cette affaire.

Souvent, on parle du quatrième pouvoir lorsque l’on parle des médias. La journée d’hier constitue une excellente illustration de l’exercice de ce pouvoir par ce que l’on appelle communément en anglais l’agenda-setting. Les questions soulevées par la presse nationale sont-elles des questions qui préoccupent les électeurs et les électrices ? Qui sont les gens au Québec qui ont encore envie de parler de la loi 21 ? Mis à part les opposants à cette Loi, d’énergiques minorités qui contestent la Loi, je ne connais pas grand monde qui parle de cet enjeu au quotidien. C’est un exemple d’un enjeu qui est un non-enjeu sauf pour mettre en boîte Justin Trudeau dont on connaît la position vraiment ferme sur la question des droits individuels et la Charte des droits. Cela dit, il y a une question qui s’impose et qui a été rappelé par François Legault, le premier ministre du Québec et par la candidate à la chefferie au PLQ, Dominique Anglade. Cette question relève des compétences du Québec et de son assemblée nationale et l’invocation par notre chambre législative de la disposition de dérogation est parfaitement légale et permise dans le cadre de la constitution canadienne rapatriée en 1982.

Quant à l’affaire SNC-Lavalin, je comprends le Canada anglais et ses médias de vouloir poursuivre à accabler le premier ministre Trudeau avec cette question. L’enjeu ici c’est de s’assurer que dans un prochain mandat aucun gouvernement ne vienne en aide à SNC-Lavalin et aux 10 000 emplois canadiens en jeu. Au Globe and Mail, on souhaite, si j’en crois les éditoriaux et les chroniqueurs que je lis sur une base régulière, que l’on n’applique pas une loi autorisant notre parlement canadien à permettre des ententes particulières protégeant les emplois des employés innocents des actions de leurs dirigeants corrompus. C’est un choix. Il serait souhaitable que si ce choix est celui de la population canadienne, on en profite aussi pour défendre au gouvernement du Canada d’interdire l’activité de compagnies étrangères au Canada qui ont bénéficié de telles ententes aux États-Unis ou en Europe. Parlant de la campagne, ce serait intéressant de voir ce que les autres chefs politiques des partis fédéraux entendent faire des emplois des employés innocents qui sont des victimes collatérales des actions de leurs dirigeants.

Quoi qu’il en soit, la première journée de campagne ne fut pas celle de Justin Trudeau et ce n’est pas à cause de la qualité de l’argumentation ou des idées de ses adversaires, mais de l’action des médias qui ont imposé les sujets de la journée d’hier. C’est cela que l’on veut dire quand on parle du quatrième pouvoir. Dommage que ces gens des médias n’aient pas à répondre à personne sauf à leurs patrons et à leurs commanditaires qui financent leurs médias de leurs actions et de la crédibilité que nous les spectateurs leur accordons…

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