Le défi du Bloc québécois

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Date: 25 octobre 2019
Auteur: Daniel Nadeau

Nous sommes encore à mesurer les conséquences politiques et la signification qu’il faut accorder au scrutin électoral qui s’est tenu lundi soir dernier au Canada. Que signifie pour le premier ministre Trudeau la relégation de son gouvernement au statut minoritaire ? Monsieur Trudeau a-t-il compris le message que le Québec lui a envoyé lundi soir dernier ? Monsieur Scheer et le Parti conservateur doivent se demander pourquoi ils n’ont pas réussi à s’affirmer ailleurs que dans l’Ouest canadien. Andrew Scheer a-t-il encore un avenir comme chef du parti conservateur ? Jagmeet Singh avait-il vraiment raison de danser le soir de l’annonce des résultats alors qu’il a vu son parti être éradiqué de la carte électorale du Québec ? Monsieur Singh va-t-il voir son parti être instrumentalisé par le parti libéral et perdre ainsi sa pertinence politique ? Autant de questions qui trouveront des réponses au cours des prochains mois et de la prochaine année.

Dans ce parlement minoritaire, c’est le cas du Bloc québécois qui est le plus intéressant à décrypter. Parti souverainiste, composé de députés souverainistes et impuissant à faire la promotion de leur option privilégiée, le Bloc Québécois et son chef, Yves-François Blanchet doivent réussir à faire entrer un cercle dans un carré. Défendre les intérêts supérieurs du Québec, les dossiers promus par l’Assemblée nationale du Québec, mais cela reste ce que c’est un slogan politique. Le Bloc québécois ne peut prétendre être la voix unique du Québec puisque le Parti libéral du Canada a obtenu plus de sièges et plus de voix au suffrage que le Bloc. Le Parti libéral du Québec et ses porte-parole au Québec ont autant de légitimité, quoi qu’en dise François Legault, que les députés du Bloc, du parti conservateur ou du NPD pour parler au nom du Québec. Comme il est aussi vrai que les députés du Parti libéral du Québec, du Parti québécois et de Québec solidaire ont autant de légitimité que les représentants de la CAQ, pour parler au nom du Québec. Personne ne peut s’approprier à ses propres fins, le Nous québécois Le Québec est une société complexe aux identités multiples et le nationalisme ne peut servir de repoussoir utilisé pour séparer les vrais Québécois des faux Québécois.

Au cours des prochaines semaines, le Bloc tentera de se faire une place dans le nouveau parlement du Canada. Un parlement qui a un gouvernement minoritaire libéral. Il faudra qu’à la politesse, Yves-François Blanchet ajoute à son arsenal la fine compréhension des enjeux et de son rôle et qu’il se rappelle et le rappelle à toutes et tous qu’il n’est pas la voix du Québec, mais une voix importante parmi d’autres. C’est à ce prix qu’il pourra gagner la crédibilité de celles et de ceux qui n’ont pas voté pour le Bloc québécois, mais qui souhaitent que les intérêts du Québec soient au cœur des préoccupations de tous ceux et celles qui nous représentent à la Chambre des communes du Canada. C’est là où réside le défi du Bloc québécois dans le nouvel échiquier politique canadien.

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