Haïr les femmes et les tuer !

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Date: 6 décembre 2019
Auteur: Daniel Nadeau

Comment est-ce possible que des hommes puissent en toute lucidité faire preuve de violence envers un groupe ciblé pour la simple raison de leur genre et de leur sexe ? Cela paraît surréaliste. Pourtant, cela se passe encore de nos jours dans plusieurs pays en proie aux guerres. Même si l’actualité qui nous en est rapportée est un peu chiche sur ces questions, on ne peut ignorer la violence dont sont victimes les femmes dans les pays en guerre notamment en République démocratique du Congo, comme me le rappelait récemment un ami.

Il est difficile d’imaginer que des Casques bleus, membres des forces de l’ordre des Nations Unies, venus au Congo pour pacifier les choses peuvent être les auteurs de gestes de violence envers les femmes et les jeunes enfants en matière d’agression sexuelle. Rappelons aussi le féminicide rwandais durant les actes génocidaires des Hutus contre les Tutsis. C’est un fait connu des chercheuses et des chercheurs qui s’intéressent à la question des guerres, les femmes sont trop souvent prises pour proies durant les guerres et elles sont victimes de viols et d’agressions sexuelles.

C’est l’une des raisons pour lesquelles il faut se rappeler en ce 6 décembre la tuerie de l’École polytechnique de Montréal dans laquelle 14 étudiantes ont été assassinées en 1989, parce qu’elles étaient des femmes. Elles étaient 800 étudiantes à Polytechnique au moment du massacre. « Je haïs les féministes ! Vous êtes une bande de féministes ! » C’est ce qu’a crié le meurtrier, dont j’omets volontairement le nom, en tirant à bout portant sur ces jeunes femmes. Il s’est ensuite suicidé.

Durant cette journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes, instituée en 1991 par le Parlement du Canada, des cérémonies ont lieu partout au pays.

En cette journée sombre brille cependant une étincelle d’espoir dans le fait que ce drame n’a pas découragé les femmes d’étudier dans ce domaine ni de devenir ingénieures. Dans certains domaines du génie, leur nombre dépasse légèrement celui des étudiants masculins. C’est le cas en génie chimique, génie biomédical et génie biologique.

Selon le tout dernier rapport d’Ingénieurs Canada intitulé Des ingénieurs canadiens pour l’avenir, la proportion de femmes inscrites à des programmes de génie au Canada a battu des records en 2016, tant au premier cycle (20,7 %) qu’au deuxième (25,3 %). En 1989, 17 % des étudiantes de Polytechnique étaient des femmes, tous niveaux d’études confondus. En 2017, leur proportion est de 28 %, soit 2300 étudiantes, ou près d’une étudiante sur trois. Leur nombre a augmenté aussi sur le marché du travail. En 1989-1990, elles n’étaient que 4,3 % des ingénieurs dans la province, alors qu’aujourd’hui elles sont un peu plus de 14 %.

Cela tend à démontrer que la folie de certains hommes ne peut venir à bout de notre humanité collective. Rappelons-nous en ce 6 décembre que les femmes sont souvent les victimes de la violence sous toutes ses formes et que nous devons collectivement développer une tolérance zéro envers toutes ces manifestations sexistes qui sont encore malheureusement présentes dans nos sociétés. L’égalité pleine et entière des femmes et des hommes demeure aujourd’hui un objectif à atteindre plutôt qu’un acquis de société. Il ne faut pas l’oublier en cette journée de commémoration à la faveur de ces jeunes femmes de Polytechnique il y a aujourd’hui 28 ans.

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