Le canari de Mike Ward

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Date: 10 décembre 2019
Auteur: Daniel Nadeau

Nous n’avons pas vraiment été impressionnés par les propos de l’humoriste Mike Ward lors de la réception de son Olivier dimanche soir dernier. Il s’est livré à un vibrant plaidoyer pour sa liberté d’injurier et de discriminer un jeune enfant handicapé. Pour Mike Ward, ce geste de s’attaquer à un enfant en raison de son handicap est courageux. C’est une vieille affaire qui encombre l’espace public et qui aurait dû se terminer il y a longtemps et Mike Ward aurait dû offrir ses excuses au bon moment avant que cette affaire ne dérape et ne devienne un faux enjeu de société.

Plutôt que cela, Mike Ward s’est entêté dans un véritable acharnement même s’il nous dit que c’est les médias qui en sont responsables et non pas lui. Ne craignant pas de se tourner en ridicule, il a aussi plaidé être le canari dans la mine qui est notre mesure de la liberté d’expression dans notre pays. Pousse Mike, mais pas trop fort…

Que l’on comprenne bien, je serai le premier à défendre la liberté d’expression de quiconque dans cette société même la liberté d’expression de celles et ceux avec lesquels je suis en désaccord avec les idées. Là n’est pas la question. Ce n’est pas une question de liberté d’expression que de s’arroger le droit de tenir des propos discriminatoires envers quelqu’un pour le ridiculiser. Cela ce n’est pas acceptable et ne relève pas de la liberté d’expression. Comme disséminer la haine contre les juifs, les musulmans ou les femmes est totalement inacceptable.

Les humoristes dont fait partie Mike Ward sont très populaires au Québec. Ils vendent tous beaucoup de billets et gagnent très bien leur vie. Pourtant, le niveau de langage de nos humoristes, la qualité de leur vocabulaire n’est pas nécessairement quelque chose qui peut nous rendre fiers d’être dans la tribu. Sacrer, utiliser de gros mots et faire des blagues faciles semble avoir la cote d’amour au Québec. Tant mieux pour elles et eux, mais je ne peux m’empêcher de m’ennuyer des grands de ce métier comme les Yvon Deschamps et Sol. Ce n’est cependant pas une raison pour les limiter dans leur liberté d’expression. Je n’ai qu’à ne pas aller à leur spectacle ou fermer ma télévision. Par contre, je ne peux m’empêcher de penser que de tous les rôles qu’a pu jouer Mike Ward dans sa carrière d’humoriste, et j’avoue que je ne la connais pas, celui du rôle de victime n’est pas un bon casting pour lui et pour nous…

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