Le départ prévisible

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Date: 13 décembre 2019
Auteur: Daniel Nadeau

C’est sans surprises que nous avons appris hier que le chef du Parti conservateur du Canada, Andrew Scheer, a décidé de quitter son poste de chef de son parti et de leader de l’opposition officielle. C’était écrit dans le ciel qu’Andrew Scheer devait quitter son poste. Il avait beau argumenter qu’il avait obtenu plus de votes que Justin Trudeau et les libéraux au suffrage populaire, qu’il avait offert une performance notable concernant le nombre de sièges, mais il ne pouvait faire oublier que sa profonde nature conservatrice l’a empêché de faire progresser le vote conservateur en Ontario et au Québec.

Le départ d’Andrew Scheer ne règle pas les problèmes du Parti conservateur. Il amorce une fenêtre d’opportunité pour que ce parti puisse se donner des orientations et des politiques qui seront capables de rejoindre les Québécois et les Ontariens. Bien sûr, il y a les valeurs morales de la droite qui posent problème. Au 21e siècle, il est un peu incongru que le chef d’une formation politique qui veut diriger le Canada ait des problèmes avec de vieux dossiers comme l’avortement, le mariage du même sexe ou les peines d’emprisonnement plus sévères pour les criminels. La population canadienne est ailleurs. Déjà, que le discours conservateur sur la responsabilité fiscale est un peu hors cadre par rapport aux travaux des économistes en vogue. Nous en sommes plus à chercher à réduire les inégalités, à taxer les grosses multinationales américaines qu’à pratiquer une politique budgétaire de restrictions. Bref, le Canada a changé, le Parti conservateur doit aussi changer s’il veut à nouveau en diriger les destinées.

Andrew Scheer n’était pas un mauvais bougre. Il était simplement un mauvais choix de chef pour le Parti conservateur. Il faut dire qu’au moment de ce choix, peu de gens auraient gagé sur les chances des conservateurs d’ébranler le régime libéral de Justin Trudeau. Pourtant, les conservateurs auraient dû gagner la dernière élection à la suite des tuiles qui se sont abattues sur Justin Trudeau et son gouvernement. Le voyage en Inde, l’affaire SNC-Lavalin et le black face constituaient des éléments sur lesquels les conservateurs auraient pour construire leur victoire électorale. En lieu et place, ce parti a donné un triste spectacle d’un parti pris dans les sables mouvants de ses valeurs morales qui ne sont pas en adéquation avec les valeurs des Canadiennes et des Canadiens.

Si les conservateurs veulent un avenir au Canada, ils ne doivent pas se satisfaire du départ de leur chef mal-aimé Andrew Scheer. Ils doivent revoir de fond en comble leurs orientations politiques et comprendre que le Canada des années 2020 n’est pas le Canada de Stephen Harper. Ce sera intéressant à suivre…

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