Le blocus de Sherbrooke

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Date: 26 février 2020
Auteur: Daniel Nadeau

Qui aurait pu dire cela. Hier, on a fait un blocus sur une voie ferrée à Sherbrooke. Cela prouve que nous vivons dans un monde d’idées prêtes à porter. Néanmoins, on ne peut pas refuser de reconnaître que la responsabilité de la présente crise et de ses rejetons tient d’abord et avant tout à l’incurie des gouvernements successifs du Canada qui n’ont pas assez agi pour faire en sorte que nous puissions nous réconcilier avec les Premières nations.

Dans un essai publié récemment, l’activiste Naomi Klein écrivait à juste titre que : « l’histoire commence par un double pillage, à savoir celui des forces vives de l’Afrique et celui des terres autochtones d’Amérique. Ces expropriations violentes ont été prodigieusement rentables, au point où elles ont généré les capitaux et le pouvoir nécessaires au déclenchement de la révolution industrielle, qui, alimentée par les combustibles fossiles, a enclenché l’actuel réchauffement planétaire. » (Naomi Klein, La maison brûle. Plaidoyer pour un new deal vert, Montréal, Lux Éditeur, 2019, p. 30)

Il y a beaucoup de vérités dans cette citation. Le développement du capitalisme a pris diverses formes dans l’histoire de l’humanité. Du capitalisme industriel, nous sommes passés au capitalisme financier et aujourd’hui nous sommes à l’ère du capitalisme dématérialisé. Le libéralisme politique a accompagné le développement du capitalisme en constituant son armature idéologique et rhétorique. Au fil du temps, nous avons quand même pu développer au sein des sociétés libérales la résistance des mouvements sociaux qui ont obligé les possédants à faire des compromis et à jeter du lest. De ces rapports sociaux de force dans l’histoire, il en est ressorti des sociétés originales comme les sociétés d’Europe du Nord et des pays comme le Canada.

Aujourd’hui, nous sommes devant des défis importants et nous devons accepter de négocier avec les Premières nations pour réparer ce que nos ancêtres leur ont fait et pour mettre en place des mesures pour créer une véritable réconciliation. Nous pouvons être en accord avec cette nécessité. Néanmoins, cela doit se faire dans l’ordre et nous ne pouvons tolérer plus longtemps que les règles de droit du vivre ensemble soient foulées au pied des revendications d’une minorité au détriment d’une majorité. Nous ne pouvons réécrire l’histoire même si nous le voulions. Nous sommes condamnés à nous entendre. Vivement de vrais pourparlers avec les Premières nations pour trouver des voies de réconciliation. On ne pourra pas cependant régler près de 500 ans d’incompréhension en quelques semaines. Il faut lever les blocus et discuter sans quoi il est possible que la majorité s’impatiente devant les circonstances actuelles et mette fin à tout espoir de réconciliation entre eux et nous.

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