Quand l’ogre opinion publique réclame des coupables…

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Date: 28 octobre 2015
Auteur: Daniel Nadeau

On parle de nous aussi

Combien de fois ai-je écrit dans l’un ou l’autre des billets de ce blogue qu’il était important de se soucier de ce que l’on dit et de la façon dont ces paroles sont portées dans l’espace public? Une vision étroite du rôle des professionnels des relations publiques tend à le voir comme une occasion de savoir comment dire les choses et à qui les dire.

Celles et ceux qui pensent ainsi ont mal lu mes différents billets ou encore, hypothèse plausible, je me suis bien mal exprimé pour que vous ne compreniez pas. Le reportage du magazine télévisé Enquête sur les ondes d’Ici Radio-Canada Télé sur les femmes autochtones en constitue un bel exemple.

Un peu à l’image du jeune bambin trouvé sur la plage dans la crise des réfugiés, les propos tenus à l’écran par ces femmes autochtones sur les violences et les sévices qu’elles ont, selon leur témoignage, subis de la part de policiers de la Sûreté du Québec ont plongé notre société dans une crise.

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Michèle Audette, présidente de l’Association des femmes autochtones / Source: Radio-Canada

Sans surprises, nous sommes à la recherche de coupables. On veut des noms, des circonstances. Sans attendre le résultat d’une enquête, les policiers de la SQ rattachés à la base de Val-d’Or sont tous coupables. Même la ministre Thériault s’effondre en larmes et promet que les coupables seront punis. Pauvres policiers, ils font les frais de cette mise à mort commandée par les exigences politiques pour satisfaire l’ogre opinion publique qui réclame des coupables.

Je ne sais pas, pas plus que vous qui me lisez, les tenants et les aboutissants de cette triste histoire. Comme vous, je trouve crédible que des Québécois, policiers en plus, aient pu faire preuve de racisme envers des autochtones. C’est crédible. Il y a de toute manière un fond récurent de xénophobie ou de racisme au sein de notre peuple soi-disant élu. Il faudra, n’en déplaise aux chantres de la justice en direct, attendre les résultats des enquêtes pour en avoir une idée claire. Après, on pourra sanctionner les coupables. Pas avant.

En attendant, les vrais coupables c’est un peu nous tous. Nous avons tous toléré malgré notre connaissance de leurs conditions exécrables la situation actuelle des membres des nations amérindiennes sur notre territoire.

Les vrais coupables, pour le moment, c’est un peu nous tous. Notre silence est coupable. C’est pourquoi il n’est pas sans intérêt de se rappeler que lorsque l’on parle ces jours-ci de la SQ à Val-d’Or, on parle de nous aussi…

 

Note: le 22 avril dernier, j’ai publié un article sur le silence du gouvernement du Canada en égard aux femmes autochtones et disparues. Pour le lire, veuillez cliquer ici.

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