Raciste ou xénophobe le Québec?

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Date: 18 août 2016
Auteur: Daniel Nadeau

Si nous en croyons une récente déclaration de notre premier ministre, monsieur Philippe Couillard, le Québec se dotera d’une Commission d’enquête sur le racisme. Participant au congrès de la Commission-Jeunesse de son parti, monsieur Couillard s’est dit fortement préoccupé par la question : « Les Québécois ne sont pas racistes », ce sont des « systèmes qui font en sorte que les gens issus de la diversité ne sont pas reflétés, notamment dans les administrations publiques. Les sociétés en général ont malheureusement à composer avec cette réalité-là. »Diversité culturelle La présence des minorités culturelles dans l’espace public et sur le marché du travail est « minime par rapport à [sa] présence réelle dans la société ». 

Nul ne niera qu’au Québec les gens issus de l’immigration récente ne sont pas aussi bien établis que le sont ceux d’entre nous qui y sont présents depuis des générations. Qui plus est, de nos jours, les réseaux comptent pour beaucoup dans le cheminement personnel des individus. Il va de soi que les gens arrivés récemment parmi nous soient moins bien réseautés avec les conséquences que cela peut avoir en matière d’avancement professionnel ou plus simplement d’intégration au marché de l’emploi ou à un réseau social.

Mais de là à dire que le Québec pratique par aveuglement une discrimination systémique envers les immigrants, il y a là à mon avis un pas à ne pas franchir. Je suis de ceux que les races et les nations ne sont que des fictions sociales et que la couleur de peau des individus est bien plus une question circonstanciée du milieu d’origine (le continent, le nombre de jours d’ensoleillement, etc.) qu’une question de supériorité ou de prévalence d’une couleur sur une autre. Néanmoins, il est clair que les gens d’immigration récente ont moins que ceux qui sont déjà là depuis plusieurs générations. Cela explique pourquoi ceux-ci sont moins bien intégrés à l’emploi ou dans les réseaux de solidarité existants. Faut-il favoriser une meilleure intégration? Oui. Comment? Je ne suis pas certain qu’une Commission d’enquête qui servira à culpabiliser plus qu’à corriger la situation soit une bonne solution. Ce serait une grande opération de relations publiques qui risque de ne pas atteindre son objectif. Nous l’avions bien vu avec les audiences de la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables.

Il m’apparait important que nous nous penchions sur cette question, mais nous devrions réfléchir aux moyens pour parvenir à nos objectifs. Le véhicule d’une Commission d’enquête ne me parait pas approprié dans les circonstances.

Au Québec, selon Statistique Canada, ceux qu’on appelle les minorités visibles comptent dans leurs rangs davantage de chômeurs que le groupe majoritaire, que ces personnes soient nées au Canada ou à l’étranger. Un immigrant diplômé venu d’un pays développé a 60 % plus de chances de décrocher un premier emploi que son homologue originaire d’un pays pauvre, d’après l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques du Québec. Le taux de chômage des Maghrébins et des Noirs est de deux à trois fois supérieur à la moyenne provinciale. La situation est identique, voire pire chez les Autochtones. 

Il est quand même curieux que ces jeunes libéraux qui sont si friands de combattre le racisme aient jugé si peu important de faire de même à l’endroit des femmes (les femmes de toutes les couleurs d’ailleurs) pour leur permettre d’être en plus grand nombre en politique. Je crois que l’on peut trouver des traces de xénophobie au Québec et je le déplore. Je ne crois pas cependant à l’existence de racisme au sein de notre société autrement que dans les marges. Xénophobe peut-être, raciste Non !

 

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