Le spectacle politique

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Date: 26 mai 2017
Auteur: Daniel Nadeau

La politique est un spectacle. Je n’apprendrai rien à personne. Ces derniers jours, le spectacle politique québécois est déprimant. Nous en sommes à un point où les stratégies politiques à la Machiavel à cinq sous sont devenues l’objet des reportages des médias. Je fais ici allusion au dossier de la convergence du Parti québécois. Quel triste sort pour ce parti politique qui fut jadis une si grande arme de mobilisation du peuple québécois! Il faut avoir vécu en 1976 pour se rappeler comment l’espoir était présent dans certains milieux à la suite de l’élection du gouvernement du parti québécois de René Lévesque.

Puis, deux référendums perdus plus tard, des formules creuses pour expliquer la remise au rancart du grand projet de pays afin de prendre ou conserver le pouvoir ont fait de ce grand outil démocratique qu’est le Parti québécois l’ombre de lui-même. Dans ces conditions, il n’est guère étonnant que les militants d’une gauche démocratique réunis sous la bannière de Québec solidaire n’aient pas voulu se donner une feuille de route commune avec le Parti québécois exsangue de lui-même.

La stratégie de convergence du Parti québécois était une stratégie de perdants. Elle part d’une fausse idée, celle de l’invincibilité électorale du Parti libéral du Québec. Une lecture faussée par l’impatience à convaincre les citoyennes et les citoyens du Québec d’un projet de société qui tient la route. En politique, comme dans la vie, ce sont les gens mus par des convictions profondes qui réussissent à mobiliser les autres autour d’objectifs clairs et stimulants. La question la plus importante n’est pas à savoir si un parti politique ou un autre va battre les libéraux, mais bien de se donner un projet d’avenir rassembleur et porteur d’espoir.

Je ne suis pas un partisan de la souveraineté du Québec ni un nationaliste fini. Je suis fier de mon appartenance canadienne, mais épris du Québec, de sa langue et de sa culture. Je crois que nous vivons une époque trouble où l’individualisme et la société de droits constituent une dérive. Je suis peiné de voir que nous vivons dans une société du spectacle et où le fétichisme est devenu une religion. Il y a place dans ce Québec pour un discours politique qui, bien qu’inspiré d’un libéralisme inspirant, doit laisser une place de choix à l’État qui a le devoir de réduire les inégalités de conditions et de voir à civiliser les entreprises privées.

Je ne suis pas déçu de voir le rêve de convergence du Parti québécois frapper les récifs de la réalité. Je suis cependant désolé que le débat politique soit devenu un lieu de discussions de stratégies ouvertes sur les tactiques électorales plutôt qu’un lieu où l’on discute de projets de société. Cela prouve vraiment qu’aujourd’hui la politique n’est plus qu’un spectacle…

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