Visages autochtones dans l’espace public

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Date: 25 septembre 2017
Auteur: Daniel Nadeau

Beaucoup de commentateurs de la scène politique sont encore sous le choc après la performance livrée par notre premier ministre canadien, Justin Trudeau, lors de son allocution devant l’Organisation des Nations unies (ONU) la semaine dernière. Justin Trudeau a ignoré de nombreux sujets troublants de la conjoncture politique internationale pour privilégier une approche faisant toute la place à la question de la culpabilisation canadienne devant la question des premières nations. Un choix pouvant s’expliquer par son désir de ne pas heurter le président américain Donald Trump.

Profitant de sa tribune à l’ONU, Justin Trudeau a plutôt choisi de rappeler que le « Le Canada s’applique à démanteler ses “vieilles structures coloniales désuètes” afin de bâtir un “véritable partenariat” avec les peuples autochtones du pays ». Il a ajouté que : « Le Canada n’est pas un pays des merveilles où les difficultés que vous connaissez n’existent pas. On vit les mêmes défis que vous. Le Canada est un projet en perpétuelle évolution. »

Pour le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, « le Canada s’est construit grâce à “différentes cultures, différentes religions et différentes langues”. Mais les Autochtones du pays ont été exclus de cette construction, qui se déroulait pourtant sur leurs terres ancestrales. Pour les peuples autochtones du Canada, l’expérience en a été une d’humiliation, de négligence et d’abus. »

Déclaration forte et bien sentie, mais qui tranche par une incohérence profonde. S’il est vrai que nous avons conquis un territoire qui appartenait aux autochtones à l’origine, Français de France comme Anglais d’Angleterre, le processus de déploiement de ces empires nouveaux et du métissage fait l’objet de maints débats parmi les historiens et les ethnologues. Pour nous en convaincre, nous n’avons qu’à lire les pages édifiantes de la préface de l’historien Gilles Havard comme prélude à la réédition du livre Empire et métissages. Indiens et Français dans le Pays d’en haut, 1660-1715 publié ces derniers jours chez Septentrion.

Ainsi, la construction et le déploiement d’empires coloniaux européens parmi les nations autochtones d’Amérique furent à la fois ponctués d’actes guerriers et d’alliances avec les peuples autochtones. Le degré de coopération-agression varie d’une nation à l’autre. On ne peut pas par exemple prétendre que les relations entre les « agresseurs de l’empire français » procédaient de la même logique que ceux de l’empire anglais. Cela ne vient en rien réduire la réalité des faits d’une conquête des territoires autochtones par les blancs européens, mais d’en comprendre mieux les tenants et les aboutissants.

La question de la reconnaissance des droits des nations autochtones n’est nullement remise en question ici. Néanmoins, la complexité du réel et de notre passé historique commun devrait inviter à une certaine circonspection devant les idées reçues comme celle prétendant que « nous avons volé leurs terres et procédé à leur génocide ».

Une chose est cependant claire c’est que les conditions de vie des membres des premières nations sont indignes d’un pays riche comme le nôtre. Il serait temps que nous passions de la parole aux actes. Pendant que Justin Trudeau faisait ses envolées lyriques sur la culpabilité du Canada à l’égard des premières nations, le gouvernement du Canada se fait toujours tirer l’oreille pour financer un CHSLD dans la Huronie québécoise. La responsabilité de la colonisation des autochtones est celle avant tout des mêmes dirigeants qui ont colonisé nombre de nos ancêtres. Autochtones et québécois, nous sommes du même combat…

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