Le cirque politique, l’opinion publique et le pseudo-journalisme d’enquête

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Date: 15 juin 2018
Auteur: Daniel Nadeau

Qu’ont en commun Stéphane Le Bouyonnec, le président de la CAQ et candidat de ce même parti et Pierre Paradis, le député libéral de Brome-Missisiquoi? Réponse : ils sont tous les deux victimes d’une époque où sévit le pseudo-journalisme d’enquête et où la sanction du tribunal de l’opinion publique produit chez notre classe politique des comportements moutonniers de bien-pensants. On fait de nos élites politiques des serviles serviteurs de la bonne conscience. Drôle d’époque qu’est la nôtre!

L’affaire Pierre Paradis laisse un profond malaise à qui cherche à comprendre la triste fin de carrière politique que lui a apprêté le Parti libéral du Québec. Pierre Paradis, je l’ai bien connu, était un guerrier. Un humain aussi bien imparfait, mais un politicien aguerri. Un homme qui a rendu de grands services aux gens de son comté et qui a connu une carrière ministérielle que plusieurs pourraient envier. Les accusations jugées sans fondements de l’une de ses anciennes collaboratrices, ses accointances avec la nouvelle commissaire à l’éthique ont conduit selon lui à un rapport dévastateur qui met à mal sa réputation. Je ne sais pas qui a tort ou raison, mais ce que je sais c’est que les règles liées aux allocations de logement des membres de l’Assemblée nationale ne sont pas claires et il faudrait bien qu’un jour on les adapte aux circonstances de notre époque. Tout comme les conditions de rémunération des députés. Quoi qu’il en soit, le mal est fait et Pierre Paradis a été déclaré coupable par le tribunal de l’opinion publique. Tout cela a démarré avec un reportage d’enquête d’un média.

Quant à l’affaire Le Bouyonnec, issu aussi d’une enquête d’un média, c’est en fait une question de moralité. Qui a le monopole de la morale? Est-il moral de prêter de l’argent à des gens qui en ont cruellement besoin? Des gens qui sans ce type de possibilités emprunteraient cet argent au caïd du coin. Non seulement ces gens auraient des taux d’intérêt usuraire, mais ils mettraient leur vie et leur intégrité physique en danger. Qui plus est, les activités reprochées à l’entreprise à laquelle était associé à monsieur Le Bouyonnec étaient en dehors du territoire du Québec. Certes, ce dernier a eu des activités qui vont à l’encontre des positions défendues par son parti à l’Assemblée nationale. Néanmoins, il n’a rien fait d’illégal. On cherche aussi à lui reprocher ses ennuis avec l’ordre des ingénieurs du Québec. Nous sommes là plutôt dans des questions de gestion de cotisations que de gestes reprochables. Quand on est ingénieur, on est ingénieur. Que l’on soit en droit de pratiquer l’ingénierie est une autre question. Encore là, le tribunal de l’opinion publique fait son œuvre et les chacals politiques se jettent sur les politiciens blessés.

Que ce soit l’affaire Paradis ou l’affaire Le Bouyonnec, il y a beaucoup d’enflures de bien-pensants dans les commentaires publics sur ces dossiers. Si l’on souhaite vraiment vivre dans une société démocratique, il serait temps que les médias fassent enquête sur le sort réservé aux enfants abandonnés par le gouvernement Couillard par ses politiques d’austérité et sur les conditions de vie de tous ces pauvres qui sont laissés pour compte par notre société libérale de bien-pensants. Une société qui carbure à la pureté, mais qui se complait dans sa médiocrité tranquille. Des débats plus urgents que les affaires Le Bouyonnec et Paradis requièrent notre attention…

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