La survie des médias locaux et de l’information régionale

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Date: 21 novembre 2018
Auteur: Daniel Nadeau

C’est aujourd’hui que le ministre des Finances du gouvernement Trudeau, Bill Morneau, livrera aux Canadiennes et aux Canadiens sa mise à jour économique des finances publiques canadiennes. Nous attendons la nouvelle avec peu de surprises. Nous savons que le Canada présentera de lourds déficits pour les prochaines années et que les conservateurs d’Andrew Scheer dénonceront le gouvernement pour sa piètre gestion des finances publiques. C’est prévisible.

Le suspense le plus important est de savoir quel programme d’aide offrira le gouvernement canadien aux médias d’information afin de maintenir et soutenir une presse libre et démocratique au pays. Déjà, le gouvernement Trudeau a fait valoir qu’il envisageait un programme d’aide de 50 millions de dollars pour soutenir les médias locaux et régionaux. Il ne semblait pas entiché à venir en aide aux grands médias. Depuis la situation s’est encore détériorée pour les grands quotidiens du pays. L’un des fleurons de l’information québécoise, La Presse, a mis fin à son édition papier et est devenu Presse+, quotidien Web pour nos tablettes. Les Desmarais ont même cédé l’entreprise à un organisme sans but lucratif qui fera désormais des campagnes de financement pour assurer sa mission. Un an auparavant, Power Corporation a cédé tous ses quotidiens régionaux à un groupe dirigé par Martin Cauchon, le Groupe Capitales Médias qui regroupe tous les quotidiens des villes du Québec. La nouvelle entreprise est en proie à de nombreuses difficultés financières.

Le journal Le Devoir vient de lancer une campagne de souscription de 300 000 $ auprès de son public-lecteur, alors que l’on a assisté à de nombreuses fermetures d’hebdomadaires partout sur le territoire du Québec. Le seul journal qui semble bien se tirer d’affaire c’est Le Journal de Montréal et son frère jumeau Le Journal de Québec. Encore là, nul ne sait si ces journaux de l’empire Péladeau sont rentables, mais ils sont ancrés dans une stratégie de convergence efficace qui permet peut-être de faire leurs frais.

Chose certaine, l’engouement des annonceurs pour les réseaux sociaux concernant leurs dépenses publicitaires, le coût accru pour les grands médias afin d’offrir un contenu original, la vampirisation de ces contenus par les radios locales ne sont rien pour aider les médias dans leur modèle d’affaires actuel. Le gouvernement du Québec est venu en aide aux médias l’an dernier. Le gouvernement du Canada fera-t-il de même aujourd’hui ? Cela reste à voir. Néanmoins, ce n’est pas simple de résoudre l’équation qui permettra d’établir des programmes qui seront judicieux, qui permettront la survie de l’information locale et régionale tout en ne favorisant pas les canards boiteux ou les modèles d’affaires inefficaces. Sans oublier la nécessaire indépendance des médias. J’ai bien hâte de voir la solution qui sera proposée par le gouvernement libéral de Justin Trudeau pour traduire en actions sa déclaration commune avec Macron de sa détermination à assurer une presse libre et démocratique au pays.

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