Les gilets jaunes

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Date: 5 décembre 2018
Auteur: Daniel Nadeau

La révolte des gilets jaunes en France témoigne bien de notre époque ou la classe politique semble impuissante à juguler le raz-bol généralisé de celles et ceux qui se sentent exclus pour de bonnes ou de mauvaises raisons. La fuite en avant dans les biens de consommation et dans un individualisme forcené crée un cocon qui ne peut souffrir de ne pas bénéficier du minimum jugé vital. Il faut dire que la publicité omniprésente sur le minimum pour avoir une bonne vie n’aide en rien à diminuer les attentes. C’est ce qui explique, dessiné à traits grossiers, la révolte des gilets jaune en France.

Je dis dessiné à traits grossiers parce que le cas français est une situation unique en soi. Il y a dans ce pays un raz le bol généralisé contre l’immigration. Les Français se sentent envahis. Ils assistent impuissants à la montée de l’intégrisme musulman dans leur pays et à la multiplication d’incidents de nature terroriste sur leur territoire. D’où la montée d’un profond sentiment d’insécurité.

Il y a aussi une colère sourde, mais profonde contre les bureaucrates de l’Union européenne qui prennent des décisions qui affectent le mode de vie traditionnel des Français. Il y a toujours eu en France, malgré sa révolution de 1789, un profond attachement à des valeurs proprement françaises liées à la grandeur de la France et à son influence dans le monde. Grandeur déchue dans la foulée de la fin des colonialismes et par l’émergence de nouvelles puissances mondiales comme les États-Unis, l’URSS et maintenant la Chine.

La question de la lutte aux changements climatiques a aussi de lourdes conséquences pour le mode de vie des Françaises et des Français. La taxe sur le diesel n’est-elle pas la principale source du présent mécontentement qui a débouché sur la violence dans les rues de Paris ? Sans compter ces attentats contre les petites boucheries par les militants radicaux véganes. La table est vraiment mise pour que la colère des Français s’exprime.

Il est difficile pour nous de voir, d’entendre et de comprendre ce qui se passe en France. Nous avons peut-être des racines culturelles communes, mais nous n’avons pas de fond de violence comme gêne dans nos combats sociaux. D’une certaine manière, la France a un passé de violence qui ressemble un peu à celui que nous retrouvons chez notre voisin du Sud, les États-Unis.

Quoi qu’il en soit, nous avons beau être des gentils, mais nous ne sommes pas à l’abri de l’éclosion de phénomènes similaires chez nous si nous ne sommes pas attentifs aux besoins et aux attentes de celles et ceux qui se sentent exclus. Le mépris affiché de certains aux mesures budgétaires annoncées hier par le gouvernement Legault à l’endroit des familles et des aînés témoigne bien de cette propension que nous avons chez nous à négliger les voix des plus démunis. Ce n’est pas vrai que tout doit se régler par l’arrivée du Grand soir ou encore passer par des solutions Tout à l’État. La réflexion s’impose si nous ne voulons pas avoir nos propres gilets jaunes.

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