Les journalistes

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Date: 9 mai 2019
Auteur: Daniel Nadeau

On parle beaucoup ces jours-ci des journalistes et de leur travail. Dans le cadre des billets de ce blogue, j’ai aussi abordé comment la venue des médias sociaux changeait profondément à la fois leurs conditions de travail ainsi que leurs façons de travailler. L’irruption dans notre vie commune des citoyens joueursnalistes, la recherche du spectaculaire et l’épidémie de relationnistes rendent le travail des journalistes plus difficiles. Sans compter l’engouement pour le commentaire et l’opinion au détriment des faits. Il n’y a pas de doute possible, le travail du journaliste a connu ces dernières années de profondes transformations et ce n’est qu’un début. Le métier est appelé à se transformer encore dans les années à venir.

Le changement ne devra cependant pas faire peur. Depuis le 18e siècle alors qu’est né l’imprimé, le métier de ce que l’on appelle aujourd’hui journaliste a connu de profondes mutations. Pour nous en convaincre, nous n’avons qu’à lire l’excellent ouvrage de Guillaume Pinson consacré à la culture médiatique francophone. (Guillaume Pinson, La culture médiatique francophone en Europe et en Amérique du Nord. De 1760 à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Coll. « Cultures québécoises », Québec, PUL, 2016, 359 p.)journalistes

Au début du 18e siècle, le métier de journaliste n’existait pas. On avait plutôt affaire à des éditeurs qui dans des imprimés publiaient des horaires d’arrivée de bateaux, des informations sur les marchés et sur les denrées. Une presse plutôt d’affaires. Il s’est ajouté par la suite des imprimés de type encyclopédique où des intellectuels échangeaient des idées. L’ouvrage le plus célèbre du genre est l’encyclopédie de Diderot. Puis, il y a eu les journaux censurés à divers degrés qui relataient la vie de la Cour et des puissants. Il fallut attendre le milieu du 18e siècle avant de voir apparaître les ancêtres des journaux d’aujourd’hui, généralement de quatre pages sur deux, trois colonnes.

Puis au 19e siècle, les changements technologiques aidant, bateau à vapeur, télégraphe, on assiste à une première mondialisation de l’information et des médias avec le concours d’agence de presse. Une histoire passionnante qui nous est racontée par Guillaume Pinson. L’hypothèse centrale de son livre est la constitution d’un espace public francophone grâce au concours d’une culture médiatique francophone qui est présente en Europe, mais aussi aux États-Unis et au Canada. C’est aussi dans le cadre de l’expansion de cette culture médiatique que naissent les journaux et les imprimés.

C’est aussi dans ce contexte que nous retrouvons le début des journalistes avec les visages de journaliste-voyageur, de journaliste-ethnologue et de reporter. On ne peut en douter le journalisme tel que nous le concevons aujourd’hui a une longue histoire et a vécu de multiples transformations et il en vivra d’autres à l’avenir. Ce qui devrait tous nous rassurer c’est qu’il est aujourd’hui encore un élément clé de notre vie démocratique…

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