Les droits des travailleurs

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Date: 26 novembre 2019
Auteur: Daniel Nadeau

S’il y a un concept qui apparaît aujourd’hui suranné, c’est bien celui des droits des travailleurs. En notre époque où triomphe l’économie numérique et où la défense des droits acquis paraît être d’un autre temps. Tasse-toi boomers, semble nous dire l’époque lorsque l’on se porte à la défense de ces mots et de ces idées si utilisés dans un passé récent.

Pourtant, la grève au CN qui menace de nombreux secteurs de l’économie canadienne vient nous rappeler des vérités élémentaires. Le droit à la négociation collective permet l’exercice légitime du droit de grève et de lock-out des employés et des patrons. Dans une économie de libre marché où le jeu de l’offre et de la demande est déterminant, il est évident qu’un arrêt de travail, que ce soit par lock-out ou par l’exercice du droit de grève, a des répercussions sur l’économie au sens large et que cela peut faire des victimes comme nos agriculteurs qui ont besoin du gaz propane pour faire sécher leurs grains.

Cela fait partie du jeu habituel des luttes de pouvoir dans notre espace public. Ce qui est triste cependant dans la situation actuelle c’est de constater comment des groupes syndiqués ou même des élus réclament comme si de rien n’était l’adoption d’une loi spéciale pour forcer la reprise des activités et venir ainsi anéantir le rapport de force entre patrons et syndiqués. Le recours à une loi spéciale devrait être un geste exceptionnel, pas l’une des solutions disponibles pour éviter que nous vivions les conséquences collatérales de conflits entre des parties dans un secteur économique donné.

Faut-il rappeler que le droit de grève et l’organisation des travailleurs en syndicats avec des droits reconnus font partie d’un dur combat que se sont livré patrons et ouvriers au 19e siècle ? À l’ère du capitalisme triomphant et où ce droit à l’organisation des travailleuses et des travailleurs ainsi que celui du droit à la libre négociation sont des droits fondamentaux pour l’exercice d’un sain équilibre entre le Capital et le Travail.

Il est vrai que la grève au CN a des répercussions importantes pour l’économie canadienne et pour nos agriculteurs en particulier. Il est aussi vrai que la négociation entre les parties constitue la meilleure solution pour en arriver à une entente et ainsi permettre la reprise des activités. Ce qui est moins vrai c’est qu’une loi spéciale doit être envisagée comme la solution pour le gouvernement du Canada. Comme il est de la responsabilité de l’employeur, ici le CN, d’entretenir de saines relations avec ses employés, on ne peut que le blâmer de la situation actuelle. Si jamais le gouvernement du Canada doit intervenir, j’espère qu’il adoptera une loi favorable aux droits et aux demandes des travailleurs afin de dire clairement à tous les employeurs en situation de quasi-monopole qu’ils ont la responsabilité de répondre adéquatement aux revendications de leurs employés. Dans le cas de la présente négociation, il est clair que le CN a choisi de faire du recours à une loi spéciale l’un des éléments de sa stratégie de négociation. Le CN cherche ainsi à instrumentaliser le gouvernement canadien. Celui-ci doit résister à cette tentative et ne pas se mêler de ce conflit ou à tout le moins pas au détriment des revendications légitimes des travailleurs du CN.

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