La pandémie et les médias

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Date: 26 mars 2020
Auteur: Daniel Nadeau

Pendant que nous sommes confinés dans nos maisons, reclus dans l’intimité de nos foyers, les relations sociales sont plus rares et essentiellement virtuelles. Notre principal lien au monde ce sont les médias d’information. Deux thèmes occupent tout l’espace, les conséquences sanitaires et les conséquences économiques de la pandémie du coronavirus. Cela affecte-t-il notre moral ? Se coller aux médias qui ne nous rapportent que de mauvaises nouvelles, est-ce une bonne façon de demeurer serein et résilient devant la pandémie actuelle ?

La bonne nouvelle c’est que nous en aurons bientôt le cœur net, car une équipe de chercheurs multidisciplinaires de l’Université de Sherbrooke cherchera à mesurer les impacts psychosociaux sur la population du Québec, du Canada et même à l’international concernant la masse d’information qui circule sur le coronavirus. On cherchera aussi à savoir quels sont les impacts du traitement des médias de la pandémie sur notre moral pour mieux en comprendre les effets sur la population.

Cette enquête sera menée par la professeure à la Faculté de médecine Mélissa Généreux, l’ancienne directrice de la santé publique en Estrie.

Voici ce que disait la professeure Mélissa Généreux dans le quotidien La Tribune ; « Comment, par exemple, l’information véhiculée par les médias traditionnels et les médias sociaux influence les comportements ? Illustre Dr Généreux, professeure à la faculté de médecine et des sciences de la santé de l’UdeS (FMSS). On a assisté à toutes sortes de réactions dans les derniers jours, de l’anxiété en passant par des achats impulsifs “d’articles essentiels” ». « C’est la première fois qu’on fait face à cette pandémie. Parfois, on peut être le vecteur de l’information erronée. C’est cette explosion d’information qui peut influer sur la peur et influencer les différentes réactions, note Mélissa Généreux, aussi médecin-conseil à la Direction de la santé publique de l’Estrie. Les réactions guidées par la peur (mépris, blâme, désinformation) peuvent empirer une situation déjà très complexe. »

Une telle étude sera utile non seulement aux responsables de la santé publique, mais aussi aux médias d’information. Certains pourront prendre conscience des impacts qu’ont certains articles ou reportages qui utilisent la voie sensationnaliste pour nous donner l’état des choses quant à la pandémie. Ainsi, l’utilisation du conditionnel dans les titres ou des hypothèses ne font rien pour rassurer la population. Autre exemple, lorsque l’on titre que l’Estrie est l’une des régions les plus atteintes ou que les personnes âgées sont à risque, cela est interprété comme des faits qui militent à la faveur de la fermeture de la région ou encore que les personnes aînées sont des transmetteurs privilégiés du virus alors qu’elles ne sont que des victimes potentielles plus à risque de conséquences mortelles.

Globalement, les médias d’information font un travail remarquable, mais la tentation de créer des nouvelles pour attirer l’attention en la dramatisant n’est jamais bien loin. J’ai bien hâte de lire cette étude. Je suis convaincu que cela nous en apprendra plus sur les humains et leur relation avec la peur.

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